Le redesa signifie réseau des déchets sauvages. Le Redesa est entièrement composé de bénévoles. et fédère notamment un réseau de collecteurs de déchets sauvages. Julie Désert et Marie Singer, membres du Redesa nous expliquèrent l’historique et les buts du réseau. Cette association « trouve ses origines en 2016 et 2017 lors des deux premières rencontres nationales. L’objectif initial était de réunir des collecteurs de déchets sauvages et de se mettre en réseau. » expliqua Marie. Des associations et Denis Blot, Maître de conférences en sociologie à l’université d’Amiens, ont beaucoup œuvré pour faire naître ce réseau appuyèrent-elles. Marie poursuivit en expliquant que les 2e et 3e rencontres permirent « de définir un positionnement, une identité et cela a abouti à une charte du réseau. Dans la foulée l’association a été créée début 2018 ». Ses financements viennent majoritairement du Ministère de la transition écologique depuis le début de l’association. Le Redesa compte « une trentaine » d’adhérents d’après Julie et Marie.
Un des enjeux du Redesa est la montée en compétences des collecteurs de déchets sauvages avec une « approche transversale et multidisplinaire » en faisant appel aux sciences, notamment sociales. Le Redesa revendique une approche « politique » pour « sortir des discours simplistes » accusant le seul jeteur de déchets. Répondant à une question sur sa spécificité d’approche sur les déchets sauvages, Marie indique qu’à l’inverse de l’Ademe ou Citeo, le Redesa est un « lobby citoyen » avec beaucoup d’associations. Un autre enjeu est « d’aller près des territoires » en lien avec une association locale de lutte contre les déchets sauvages pour « diffuser notre vision ».
Après les montagnes, cette année la thématique était les milieux aquatiques. La matinée de cette journée était notamment consacrée aux connaissances scientifiques sur le sujet. Johnny Gasperi de l’université Gustave Eiffel de Nantes et Léa Spitzer, chercheuse postdoctorale à l’IPREM de Pau 1 présentèrent leurs travaux. Johnny Gasperi démonta une idée largement répandue, l’idée que 80 % des déchets marins viennent du continent. Cette assertion « n’a pas de validité scientifique » assèna-t-il. Ensuite, il présenta ses projets « Stritter » financé par Citeo et « Plastoc » financé notamment par le Ministère de l’écologie. Un des enseignements présentés par Johnny Gasperi est qu’il y a très peu déchets sauvages qui se retrouve au milieu récepteur (cours d’eau) vis-à-vis du volume de déchets sauvages en surface. Il loua l’efficacité des services de propreté urbaine. Léa Spitzer présenta ses travaux sur les nanoplastiques en nous informant que « la recherche sur les nanoplastiques est assez jeune ». Selon Léa Spitzer, pour les plastiques et notamment leurs additifs « plus c’est petit plus c’est dangereux » pour la santé humaine notamment. Elle présenta des études sur la présence de microplastiques dans le placenta et le sang humain mais Johnny Gasperi commentait et nuançait. Il avertissait la salle sur les controverses ayant entourées ces études, appuyant sur la faiblesse de l’échantillon de l’une d’elles. La parole scientifique n’est pas la seule à avoir eu voix au chapitre, en plus des expressions des nombreuses associations présentes.
Plusieurs élus ont introduit la journée, dont Jimmy Pahun, député Modem du Morbihan (département hôte de la journée) et Gérard Thépaut, Maire-adjoint vannetais et Président du Syndicat de traitement des déchets ménagers du Sud-Est Morbihan (le Sysem). Un élu connu du monde des déchets et du plastique s’était rendu sur place comme « simple inscrit », le député Modem du Maine-et-Loire Philippe Bolo. Jimmy Pahun présenta les différentes avancées législatives, notamment la loi Agec, et rappella que son évaluation par les parlementaires débuterait le lundi suivant, le 27 novembre. Le député morbihannais évoqua sa proposition de loi « visant à lutter contre les plastiques dangereux pour l’environnement et la santé ». Il regretta que celle-ci ne fut pas encore votée au Sénat, et regretta la perte d’une alliée en la personne de la sénatrice socialiste Angèle Préville, non réélue aux dernières sénatoriales. Jimmy Pahun se fendit aussi d’une attaque sur le pot de yaourt en polystyrène « une vraie catastrophe », pendant que la filière cherche à les recycler au maximum sans grand succès jusqu’alors (voir l’émission sur le front du 27/11/2023). Gérard Thépaut, lui, ne lésina pas sur la critique concernant l’éco-organisme Citeo (qui n'était pas là pour répondre).
Les déchets sauvages, sujet ancien, ne devrait pas se tarir de sitôt. Le BRGM vient de mettre à jour son inventaire des décharges littorales potentiellement à risque de largage en mer. Le compte est passé de 55 en février 2022 au double, 110, en novembre 2023.
France tv, 2023. Sur le front. Verre, plastique : qui bloque le retour de la consigne ?
Georisques, 2023. Dossier expert sur la pollution des sols, SIS et anciens sites industriels
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