S'inscrire à la lettre d'infos

La gestion de proximité des biodéchets tient salon pour la première fois.

Le 9 & 10 décembre, le réseau compost citoyen de Nouvelle-Aquitaine tenait salon au Matmut Atlantique de Bordeaux. Tenu sur deux jours, ce 1er salon faisait la part belle aux acteurs et matériels liés à la gestion de proximité des biodéchets.

Les acteurs de la "geprox" à l'honneur

Une première pour la gestion de proximité ("geprox" pour les initiés) des biodéchets, un salon s’est tenu sur les solutions des acteurs régionaux en la matière. Le point de mire est l'obligation de tri à la source des biodéchets dans deux ans. Le programme s’est tenu sur deux jours, plusieurs centaines de personnes ont fait la visite, dont les décheticiens, le vendredi.

Plusieurs types de solutions étaient présentées sur la lutte contre le gaspillage alimentaire, le lombricompostage (individuel et collectif), le compostage (en composteurs, en andain), l’électrocompostage, le bokashi, les toilettes sèches 1 la valorisation des biodéchets et le broyage de branches. Tous les matériels et les acteurs existants n’étaient pas représentés évidemment, les acteurs éclosent avec l’arrivée de l’obligation du tri à la source des biodéchets le 31 décembre 2023. Des acteurs présents s’occupent du compostage partagé, d’autres de compostage plus centralisé en andain, d’autres s’occupent de la collecte via des transports doux (vélo), aussi des acteurs comme Quadria s’occupent aussi de précollecte et collecte des déchets ménagers en général.

Le stand du réseau compost citoyen national

Les biodéchets : un enjeu de poids...

Un des enjeux de cette filière est de sortir les déchets putrescibles (pondéreux) des ordures ménagères. Selon le dernier ModecomTM de l’Ademe en 2017, 83 kg de déchets putrescibles se trouvaient encore dans ce flux soit près d’un tiers du flux OMR (c’est moins en quantité que pour les ModecomTM de 1993 et 2007, où celle-ci était autour de 120 kg/hab/an). Les déchets putrescibles représentaient 30 % des apports en déchèterie également en 2017.

Histogramme issu de la caractérisation des OMR avec la méthode Modecom (source : Ademe)

Mais aussi des enjeux sociaux, agricoles

Concernant le programme, plusieurs types d’acteurs ont tenu une conférence, des acteurs de la « geprox », des acteurs du retour au sol de la matière organique, une élue du conseil régional, et deux intervenantes travaillant plutôt dans le domaine des sciences sociales. Parmi ces dernières, Emilie GUICHARD, doctorant en science comportementale et psychologie sociale à l’université de Poitiers. Mme GUICHARD travaille sur les déchets et tout particulièrement sur les déchets domestiques notamment en lien avec le service déchet de l’agglomération poitevine. Les sciences sociales font une percée dans le domaine des déchets depuis le début des années 2000, psychologues sociaux, psychosociologues, sociologues investissent le domaine pour mieux comprendre nos comportements détritiques ou de consommation.

Parmi les acteurs de la "geprox", François-Xavier MOOGIN a pris le temps de répondre aux questions des décheticiens. François-Xavier MOOGIN est salarié de l’association "Au ras du sol". M.MOOGIN commence par expliquer que l’association Au ras du sol et l’association Compost’Âge sont les initiatrices de la création de l’association réseau compost citoyen de Nouvelle-Aquitaine (RCCNA) en septembre 2020. Cette dernière a elle porté ce salon. Il nous indique que le RCCNA est soutenu par l’Ademe et la Région Nouvelle-Aquitaine.

Les décheticiens (LD): "Qu’est qui a motivé la création de cet événement ?"
F-X. MOOGIN : « Il nous a semblé utile de créer un moment pour montrer ce qu’on fait au grand public et rassembler les acteurs de la Nouvelle-Aquitaine. Parce qu’aujourd’hui les collectivités, avec les obligations réglementaires à venir, se posent la question de comment elles vont amorcer ce virage du tri à la source des biodéchets. Ici il y a un panel de solutions assez large pour la restauration collective, pour les citoyens […] L’idée c’est qu’il y en ait pour tous les goûts, toutes les bourses et qu’on se rende compte qu’on peut dès à présent valoriser les biodéchets où qu’on soit pour peu qu’on en ait la volonté et la bonne compréhension du fonctionnement. Et pour ça le plus simple est de se former ».

« Pendant longtemps la prévention a été le parent pauvre de la filière des biodéchets ».

François-Xavier MOOGIN

LD : "Qu’est-ce que vous attendez de ce salon ?"
F-X. MOOGIN : « C’est de la visibilité pour les solutions et les acteurs de proximité. Je pense que l’objectif est de faire de cet acte de compostage une évidence. On est un peu dans une ornière, mais on en sort. La recette du compostage est encore méconnue. L’objectif également c’est de créer du lien social. Nous sommes positionnés sur la citoyenneté. On souhaite faire prendre conscience de la richesse de l’organique pour la vitalité des sols pour lutter contre le changement climatique par exemple (initiative 4 pour 1000). Mais aussi produire du compost permet de se débarrasser des pesticides, le compostage est une porte d’entrée vers une agriculture plus écologique, plus fertile pour les sols. »

Objet de nombreuses attentions, les biodéchets sont un majeur de prévention des déchets mais pas seulement. Dans le décret du 30/06/20210 et l’arrêté complémentaire du 07/07/2021, le gouvernement a d’ailleurs déjà fait paraître les conditions de tri à la source à respecter pour les collectivités compétentes en matière de déchets qui traitent leurs ordures ménagères via un tri-mécano-biologique (TMB). Les conditions pour les collectivités compétentes n'envoyant pas leurs biodéchets dans un TMB devrait arriver prochainement.

Aussi, l’enjeu est l’accompagnement au changement de comportement. La distribution simple de composteurs peut poser des problèmes. Une étude de l’Ademe de 2014 pointait des manquements, notamment une absence de connaissance des impacts environnementaux et sanitaires pour le compostage domestique 2. La gestion de composteurs étant parfois simpliste, celui-ci faisant office de pourrissoir, de poubelle de jardin sans gestion. Cela émet notamment du méthane, un gaz à effet de serre plus nocif pour le climat que le dioxyde de carbone (pour une quantité émise équivalente). La nécessité d’aller vers un compost produit de qualité est citée également comme piste d’amélioration de cette étude. Un enjeu important est de changer d’une logique de guichet à une logique d’accompagnement des usagers et de contrôle des pratiques pour améliorer le compostage domestique. Cette logique d’accompagnement est aujourd’hui plus à l’œuvre sur le compostage partagé et en établissement. Pour les collectivités, cela implique de passer d’une logique de dépenses d’investissements à une logique de dépense de fonctionnement. Aussi, la place de la prévention vis-à-vis de la collecte pour un traitement centralisé est un sujet important.

Malgré les efforts, nous pouvons d’ores et déjà dire que ce tri à la source des biodéchets ne sera pas efficace à 100 %. Le décret du 16 septembre 2021 qui encadre l’élimination des déchets non dangereux en enfouissement notamment entérine l’acceptation des biodéchets en centre d’enfouissement jusqu’à 29,99 % au 1er janvier 2024. Dire que certains s’inquiétaient il y a près de vingt ans sur la non acceptation des biodéchets en décharge comme « déchets ultimes », en 2024 il devrait encore en avoir (et valorisables). Mettre en place une solution de tri à la source et appliquer le droit n’implique pas nécessairement qu’il soit efficace. Une future caractérisation pourra montrer si la France progresse sur cette voie sans toutefois sengendrer de mauvaises pratiques environnementales et sanitaires.

Photo des exposants affichés sur écran au salon

Liste des exposants : société Les Détritivores ; société Upcycle ; start-up Bicycompost ; association Crepaq ; société Vers la terre ; association roule ma frite 17 ; société Bioclimakit ; société Happy Vers ; société Formacompost ; société Quadria; Collectif des maître-composteur de Nouvelle-Aquitaine ; Réseau compost citoyen national ; association Compost'Age ; association Au Ras du sol ; Compost in situ sud-ouest (CISSO) ; société Destrian ; société Tri-Logic ; société Restovalor ; société IDS environnement ; association réseau assainissement écologique (La Fumainerie, Le Petit coin de Paradis, Assez d'Essai, Oïkobat, Ocapi) ; Récup'Bokashi ; association EM France ; Réseau compost citoyen Nouvelle-Aquitaine ; Ademe ; Région.

  1. les excréments et urines humains ne sont pas réglementairement des biodéchets[]
  2. les impacts environnementaux de l'enfouissement et l'incinération sont eux connus et rendus publics via le Citepa notamment[]
Nota bene : cet article a été publié à une date qui correspondait peut-être à l’époque à un contexte différent de celui d’aujourd’hui. Les informations qu'il vous propose ne sont peut-être plus à jour. En cas d’erreurs ou d’inexactitudes, merci d’aider à les corriger en me communiquant vos remarques et commentaires.
Vous avez apprécié l'article ?
Les 
commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Restez informée/informé
Abonnez-vous afin de recevoir votre lettre d'infos.
Copyright 2020 © | Mentions légales | Contact
crossmenu