Ce sont donc 24 numéros du média Déchets infos qui ont été analysés, du numéro 189 au numéro 212. Comme pour l'analyse précédente dans cet article, a été repris la même méthodologie pour le média Déchets infos. Il a été choisi de retenir les mots, les dérivés de ces mots et les expressions apparentées faisant référence à la hiérarchie des modes de traitement : prévention, préparation en vue de la réutilisation, recyclage, valorisation énergétique et enfin élimination.
Une fois encore, dans le contexte de l’article certains mots étaient trop équivoques, j’ai préféré ne pas les retenir. Par exemple, le terme « valorisation » était parfois équivoque, le terme « consigne » également qui dans l’article pouvait évoquer la consigne « pour recyclage » (nouveauté du quinquennat pour les bouteilles plastiques) ou la consigne pour réemploi historique. Un mode de traitement incluant un nom propre n’a pas été retenu, par exemple « Cercle National du Recyclage », les termes étrangers non plus, « Wastenergy » par exemple. Tous les termes non retenus sont expliqués dans le tableur en pièce jointe. Enfin, l’analyse comprend les articles seulement, à contrario les titres, les intertitres, le chapô, les légendes de photos et tableaux n’ont pas été retenus.
Avant de procéder à l’analyse des résultats, un rappel semble s’imposer. Mon choix s’est arrêté sur ce média pour plusieurs raisons. Une des raisons est que j’ai entendu à plusieurs reprises des critiques à son égard (lequel n’en subit pas ? et heureusement ?). Des critiques que j’ai entendues à la fois dans le monde des biodéchets, « ce journaliste est pro TMB » par exemple, et parmi des collègues, partenaires également croisés au long de mon parcours. Aussi, j’ai créé les décheticiens après avoir constaté l’invisibilisation médiatique de la prévention dans la presse spécialisée notamment, et la presse généraliste également, et un peu partout ailleurs. J’ai souhaité bousculer un peu aussi le gate-keeping et l’agenda setting du secteur médiatique des déchets pour rendre la prévention aussi (voire plus) présente à l’esprit que le recyclage pour paraphraser un document ministériel de 2004. Le but n’est pas de dire de vous informer sur la prévention uniquement sur les décheticiens, surtout pas (recoupez vos sources), mais de mieux comprendre une partie de la ligne éditoriale de ce média. Celle des décheticiens est axée presque exclusivement sur la prévention.
Cette analyse vise donc à établir des faits avec un tout petit bout de la lorgnette, la hiérarchie des modes de traitement. Cet article ne traite pas de la ligne éditoriale complète de ce média. Ce média spécialisé est lu dans les EPCI notamment, et il traite généralement d’actualités. Pour en savoir plus à son sujet, rendez-vous sur la rubrique « qui sommes-nous » de son site.
Après réflexion, j’ai décidé de ne pas interroger M.GUICHARDAZ sur sa ligne éditoriale, car je pense ne pas être bien placé pour faire cela. Il se pourrait que j’apparaisse comme un concurrent, et qu’il ne souhaite pas m’en dire plus sur son média, ce qui me semble normal. Si toutefois, il passe ici, il pourra demander un droit de réponse. Enfin, je tiens à dire que le milieu des déchets a besoin de journaliste d’investigation comme M.GUICHARDAZ, il y a besoin d’enquêtes, de contrôle dans ce vaste monde professionnel où les acteurs et les réglementations sont profus. C’est mon avis, je trouve qu’il réalise un travail intéressant, utile, de qualité. Cela n’empêche pas la critique (paragraphe d'opinions).
Les 24 numéros analysés couvrent une période allant du 26 août 2020 (N°189) au 25 août 2021 (n°212). Au total, ce sont 93 articles qui ont été analysés. Chaque article se compose généralement de 3 pages de pdf (chaque numéro est envoyé sous ce format).
L’analyse fait ressortir une nette domination des sujets liés au recyclage. Seul le numéro 205 n’évoque pas ce mode de traitement des déchets. Ainsi sur 802 mots et expressions apparentées évoquent un mode de traitement des déchets, sur ces 802 mots, 313 soit 39 % concernent le mode de traitement « recyclage ». Le numéro 191 atteint même le record de mentions liés à un mode de traitement avec un total de 60 occurrences. Les numéros suivants atteignent un peu plus d’une trentaine de mentions (31, 32). On peut peut-être y voir ici sa spécialisation dans ce domaine, M.GUICHARDAZ a notamment travaillé auparavant chez « recyclage récupération magazine ».
En deuxième place des modes de traitement les plus cités, on retrouve la prévention. Ainsi, 24 % des modes retenus sont liés à ce mode de traitement situé en haut de la hiérarchie des modes de traitement en théorie (en pratique ça n’est pas le cas). Deux numéros (n°193 & 196) cumulent près d’un tiers des mentions pour la prévention avec respectivement 31 et 32 mots et expressions apparentées retenus. Pour cinq numéros, aucune mention n’est faite pour ce mode de traitement des déchets. Cette deuxième place m’a personnellement surpris. Celle-ci peut s’expliquer par le choix de ne pas avoir retenu plusieurs fois les termes « valorisation » dans plusieurs numéros. Ceux-ci pouvaient faire référence au recyclage ou bien à la valorisation énergétique. L’absence de clarté m’a poussé à les écarter. En interrogeant l’auteur, il aurait été probablement possible de les classer dans l’un ou autre des modes de traitement. Ce faisant, la valorisation énergétique serait peut-être arrivée en seconde position.
La valorisation énergétique (incinération, méthanisation, brûlage) concerne 21,7 % des mentions liées à un mode de traitement des déchets (174 mots et expressions apparentées). Elle talonne la prévention (voire la dépasserait si on retient l’analyse du paragraphe précédent). Il y a seulement 4 numéros qui ne l’évoquent à aucun moment (contre 5 pour la prévention).
Enfin, l’élimination concerne 13 % des occurrences recensées, aussi 10 numéros ne l’évoquent jamais. Le mode de traitement « réutilisation » contient 2 % des occurrences et il est absent de 19 numéros.
Pour ce qui est de rendre la prévention aussi présente à l’esprit des français que le recyclage, il y aura encore du chemin à parcourir, surtout si les collectivités ne font pas bifurquer leur communication vers plus de prévention. Au-delà, des collectivités, c’est également la presse, les personnalités, les éco-organismes, l’État… qui peuvent participer à rendre effectif ce vœu pieu daté d’il y a près de 20 ans. En 2022 peut-être ?